Comment définir les troubles du comportement ?
On explique généralement les troubles du comportement par des attitudes progressivement inadaptées, impactant douloureusement les modes de fonctionnement familiaux, affectifs et sociaux. Ils modifient l’ensemble des postures physiques, d’hygiène de vie, relationnelles, altérant les jugements, et favorisant les passages à l’acte. Il y a un lien de causalité entre les troubles du comportement et les passages à l’acte. S’ils varient selon les individus, leurs structures psychiques et leur état de santé, force est de constater qu’il y a dysfonctionnement de l’équilibre mental chez le sujet qui répond de manière caractérielle aux stimuli de son entourage. Les troubles du comportement se classent sous deux aspects : le trouble oppositionnel – provocateur – , et le trouble générant des conduites inadéquates. Ils sont souvent associés aux antécédents familiaux compliqués, au stress et à une gestion pénible des émotions. C’est souvent l’entourage qui met l’index sur les difficultés qu’il rencontre à appréhender le sujet en proie à des comportements inopinés, et/ou menaçants.
Qui peut être concerné par les troubles du comportement ?
Ce phénomène touche tous les publics (les enfants, les adolescents, les adultes, les personnes âgées), sans distinction de sexe ou d’âge. Il peut être ponctuel ou permanent.
Quelles en sont les manifestations ?
Ces troubles psychologiques apparaissent de diverses manières, généralement entre 15 et 20 ans. Pour autant, il semble qu’en entrant dans une vie active plus contraignante, de jeunes adultes manifestent graduellement des troubles du comportement. Ils s’isolent, tiennent des propos étranges, deviennent apathiques. L’entourage a du mal à comprendre ces comportements déviants, cherche des raisons, souvent fréquentes à ces âges (ruptures amoureuses, échecs sur divers points, débuts de consommation excessive d’alcool et autres substances toxiques). Néanmoins, il arrive quelquefois que l’entourage fasse preuve de déni. Il est à noter, par ailleurs, que si les troubles du comportement adviennent brutalement, ils peuvent dissimuler une maladie mentale, telle que la schizophrénie. Dans ce cas précis, la situation devient dangereuse pour le sujet et son entourage, avec un risque de passage à l’acte élevé (tentative de suicide, fugue, actes de violence). Quoi qu’il en soit, dans tous les cas, le patient en proie à des troubles du comportement est une personne en souffrance.
Les facteurs de risques entraînant des troubles du comportement
Les problématiques financières, professionnelles, affectives sont autant de facteurs psycho-sociaux, induisant des troubles du comportement chez les individus. La dépendance aux drogues, à l’alcool, dont le but est, selon le ressenti des patients, d’apaiser les angoisses, laisse supposer des troubles psychiques, renforcés par des symptômes psychotiques qui altèrent la réalité, sous des apparences de plaisir. Ces addictions annihilent les effets de traitement médicamenteux prescrits et aggravent les états dépressifs, parfois jusqu’à déclencher l’agressivité chez certains sujets. De plus, il arrive quelquefois qu’en état de crise intense une hospitalisation soit nécessaire.
Les différents types de troubles d’un point de vue symptomatique et psychologique
Chez les patients dits « états limite » ou borderline, la compréhension des troubles de comportement est complexe pour le thérapeute. On note cependant un caractère instable et des variations opposées d’estime de soi, associées à une impulsivité multifactorielle significative. On retrouve cette alternance d’élans (dépressifs, maniaques, d’hyperexcitabilité), notamment en termes de sexualité, d’alimentation ou de comportements addictifs. Chez ces personnes, on observe des alternances rapides de phases pathologiques et stabilisées. Les actes d’agressivité, de tentatives de suicide ou d’automutilation ne sont pas rares. L’organisation de la personnalité borderline est déroutante, car elle est à la fois en lien avec la réalité et inadaptée à cette même réalité. Comme évoqué précédemment, les troubles du comportement pour le patient borderline se manifestent le plus généralement à l’adolescence et ne cessent pas à l’âge adulte. Les symptômes sont changeants, il convient pour le thérapeute d’analyser, sur la durée, le comportement du patient pour parvenir à diagnostiquer la structure psychique de celui-ci. En effet, sur bien des points symptomatologiques, rencontrés dans les troubles du comportement de ces sujets, il pourrait y avoir corrélation avec la structure psychotique. Ce qui caractérise la personnalité borderline est une constante quête affective, rendant son univers relationnel difficile pour tous.
On remarque chez les patients schizophrènes des troubles du comportement cognitifs, en termes d’organisation de la pensée, des troubles de l’attention, de concentration, et mnésiques. Ces problématiques viennent appuyer l’incohérence des propos et les conduites inappropriées. On distingue deux syndromes schizophréniques : l’ensemble des symptômes négatifs, et les symptômes dits « productifs ».
Le premier est révélateur de troubles de comportement, il conduit le patient à l’isolement ; il communique mal, peu, voire plus du tout. Il rompt toutes formes de relation progressivement. Il ne ressent plus le désir, ne recherche plus le plaisir. Le sujet devient inconsciemment apathique, se désintéresse de tout ce qui avait de l’importance pour lui, y compris de sa personne.
Le second syndrome, dit « productif » (en termes d’activité, de mouvements), comprend les symptômes qui marquent des perturbations, et des perceptions hallucinatoires, le plus souvent auditives et terrifiantes. De même, ces troubles du comportement sont susceptibles de prendre des formes visuelles ou tactiles, déclenchant fréquemment des attitudes et des raisonnements paranoïaques, source d’erreurs de jugement et de logique. Elles provoquent un langage incohérent, voire inintelligible, parsemé d’écholalies. Le sujet schizophrène peut parfois ne plus supporter les bruits extérieurs, l’obscurité, ou même la proximité avec son voisinage. Dans l’évolution de cette maladie, les symptômes de trouble du comportement ne sont pas constants, ils varient selon la prise de conscience du patient à leur égard. Toutefois, le déni qui caractérise cette pathologie ne permet pas au sujet de se considérer comme malade, ce qui rend la thérapie compliquée.
« L’état pathologique n’est qu’une variation quantitative ou qualitative de la normalité ». Dr George Canguilhem.
TOC, TCA et TDA
Certains individus manifestent des troubles du comportement liés à ce que l’on nomme les TOC (troubles obsessionnels compulsifs). Ils se caractérisent par une grande anxiété générant des pensées, des images sans cesse reproduites, obsédantes et compulsives. Ces productions effrayantes et angoissantes plongent le patient dans une sensation de détresse intense, de malaise, voire de dégoût. Il mettra alors en place des actions répétitives, sur fond de rituels compulsifs, visant à apaiser et contrôler ses tensions. En pratique, les thérapeutes ont relevé quelques thèmes récurrents en matière de TOC :
- la peur de la maladie
- la peur de maladresse causant du tort à autrui
- la maniaquerie (ordre, rangement, hygiène)
- la peur de voir surgir des pensées sexuelles perverses
- attention particulière pour une partie de son corps
- peur de la catastrophe pouvant arriver par négligence
- peur du blasphème chez les sujets très pieux
- la peur de manquer, etc.
En dépit de sa prise de conscience de l’absurdité de ses agissements, la personne souffrant de TOC ne peut intervenir pour les calmer. Les TOC instaurent un trouble du comportement tout à fait incontrôlable. Ils sont très souvent source de drames personnels, car toute la vie en est bouleversée. Ils interfèrent significativement dans toutes les activités quotidiennes du patient, professionnelles, sociales, familiales. En outre, ils représentent une perte de temps considérable dans sa logistique, à tel point que certains patients ne parviennent plus à quitter leur domicile et s’isolent.
- Les patients souffrant de troubles des conduites alimentaires (TCA) présentent des troubles du comportement. On note chez ces personnes atteintes de TCA, des perturbations alimentaires de type anorexique, un grignotage pathologique, boulimique, hyperphagique inassouvi (ingestion excessive de nourriture), mais également orthoréxique (volonté obsessionnelle d’ingurgiter une nourriture saine et régurgiter invariablement les aliments perçus comme souillés).
- Les troubles du comportement touchent également les individus présentant des symptômes liés à la concentration, à l’attention. Ces difficultés sont épuisantes et briment le patient dans ses occupations quotidiennes.
L’autisme
Cette pathologie se découvre dès l’enfance, avant 3 ans, les professionnels y ont repéré une asociabilité, des difficultés à communiquer, à se concentrer et un repli sur soi, spécifiques. Ces troubles de comportement se manifestent par des gênes à l’élocution, des mouvements, parfois des grimaces. Autant d’attitudes inhabituelles, répétées, fortuites, visant à apaiser les tensions que génère l’environnement sur l’enfant.
En France, 25 % des enfants et des adolescents sont victimes de ces divers troubles du comportement.
Quels sont les traitements visant à atténuer, modifier ou guérir les troubles du comportement ?
Il existe des traitements thérapeutiques adaptés, pour lutter, apaiser, voire faire disparaître les symptômes significatifs et repérables des troubles du comportement (états d’anxiété, stress, phobies). Les scientifiques s’accordent et préconisent la thérapie comportementale pour ces patients. Il est par ailleurs possible d’y associer ponctuellement, une pharmacothérapie. La prise en charge des patients dans les thérapies comportementales et cognitives (TCC) s’appuie sur une méthodologie expérimentale appliquée à chaque situation. Elles s’adressent à tous les publics, agissent sur une remédiation, des acquisitions sociales, et la gestion des états émotionnels. Elles traitent également les phobies, le stress. Par principe, les TCC orientent leurs soins vers une modélisation de fonctionnement basée sur les théories de l’apprentissage. Les TCC mettent l’accent sur les causes, les changements durables et les procédures de soins ajustés à chaque patient. La thérapie (TCC) utilise dans certains cas la méthode dite « réalité virtuelle » en travaillant sur le cadre originel du trouble du comportement.
La psychothérapie, la psychanalyse, rassemblent aussi des qualités qui proposent aux patients touchés par les troubles du comportement une diminution notable de leurs difficultés psychiques. Elles veillent à renforcer l’estime et la confiance en soi.
D’autres méthodes de soins parallèles peuvent être mises en œuvre. Elles représentent un apport supplémentaire dans la démarche thérapeutique du patient, telles que l’hypnose, les thérapies brèves, la naturopathie (ciblant notamment le rééquilibrage alimentaire et la réduction de l’indice glycémique), la méditation consciente et la médiation thérapeutique par l’art.
Il apparait, dans la pratique psychothérapeutique, que les troubles du comportement s’illustrent quantitativement, c’est-à-dire qu’en excès ils provoquent instabilité et agitation ; en défaut, ils induisent des inhibitions chez l’individu. Sur le plan qualitatif, en revanche, les symptômes engendrent des postures et des actions déviantes, parfois dangereuses pour le sujet et son entourage. Sans traitement, les patients atteints de troubles de comportement se brident dans une position d’inadaptation sociale, prisonniers de leur quotidien. Chacun de ces troubles du comportement peut être apaisé grâce à ces thérapies. Accessibles à tous, elles constituent aujourd’hui des voies souveraines, à destination d’un « vivre mieux » conscientisé.
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