Une dépersonnalisation est un état dans lequel on se sent étrange. Les gens qui en souffrent voient leur vie de l’extérieur, comme un film. Son propre corps, ses sentiments, mais aussi d’autres personnes et objets semblent étranges. Les origines de cette séparation et de l’environnement résident souvent dans des expériences traumatisantes antérieures.
Avec la dépersonnalisation, les personnes touchées ont le sentiment de se regarder de l’extérieur. Cependant, elles sont toujours conscientes que leur perception est trompeuse – une différence importante avec la psychose.
Description de la dépersonnalisation
La dépersonnalisation décrit une forme d’aliénation de soi. Les personnes touchées ont une perception d’eux modifiée et se sentent détachées de tout. Avec la déréalisation, en revanche, les personnes touchées sont en proie à l’impression que leur environnement n’est plus réel. La dépersonnalisation et la déréalisation se produisent parfois ensemble et sont donc appelées syndrome de dépersonnalisation et de déréalisation ou résumé sous le terme de DR/DP.
Un grand nombre de personnes peuvent ressentir de tels symptômes sous une forme faible et pendant une durée limitée de leur vie. Cependant, un trouble de dépersonnalisation signifie que la personne qui en souffre, en souffre sur une longue période ou de façon récurrente dans des épisodes.
La dépersonnalisation est un trouble qui a jusqu’à présent été peu exploré. Dans de nombreux cas, il est ignoré. Parfois, il se cache derrière un autre trouble, parfois les personnes touchées n’osent pas aller consulter un psychothérapeute parce qu’elles ont peur que ce dernier ne les prenne pas au sérieux ou qu’il pense qu’elles sont folles. C’est pourtant tout le contraire, les psychothérapeutes qui se penchent sur ce trouble le connaissent parfaitement bien et sont armés pour aider celui qui en souffre.
Qui est touché par la dépersonnalisation ?
On estime qu’environ un à trois pour cent de la population sont affectées par un trouble de dépersonnalisation. Cela apparaît parfois comme un symptôme d’autres troubles. Il s’agit notamment parfois de dépression, de troubles phobiques, de troubles obsessionnels compulsifs .
La dépersonnalisation est souvent diagnostiquée comme un trouble anxieux à l’adolescence ou à l’âge adulte. Ce syndrome se produit fréquemment chez les hommes comme chez les femmes.
Quels sont les symptômes de la dépersonnalisation ?
La dépersonnalisation et la déréalisation peuvent se produire à différents degrés de gravité. Une forme légère de dépersonnalisation peut également être observée dans la vie quotidienne lorsque les personnes sont soumises à un stress extrême ou après un abus d’alcool. Cependant, le changement de perception dû à l’épuisement est de courte durée et pourra disparaître rapidement à condition d’être pris en charge.
Perte de perception de la douleur
Les situations pouvant mettre la vie en danger et mettre par conséquent le corps dans un état de stress sévère peuvent déclencher des symptômes de dépersonnalisation. Dans les situations psychologiquement stressantes ou douloureuses, la dépersonnalisation réduit la perception de la douleur. Il s’agit donc d’un mécanisme protecteur de la psyché contre des sensations extrêmement désagréables, pour autant, il convient de traiter le trouble.
Aliénation et réalité irréelle
Si les symptômes persistent pendant plusieurs semaines ou continuent de se reproduire, le trouble peut dans certains cas s’installer. Les principales caractéristiques de la dépersonnalisation sont le sentiment d’aliénation, lié à soi-même et l’irréalité perçue de la réalité. Les personnes concernées ne savent plus qui elles sont. Certains ne se reconnaissent plus dans le miroir. Leur corps est comme détaché d’eux. Ils décrivent également cet état comme un sentiment d’inexistence.
Lorsque les gens se sentent intérieurement divisés en une partie qui agit et une qui observe, les experts parlent d’une expérience hors du corps.
Souvent, les personnes affectées se perçoivent comme étranges. Cette perception est tellement irréelle que les gens ont du mal à y mettre des mots. Ils décrivent souvent leur vision comme floue ou comme dans un rêve. Les gens peuvent sembler sans vie, les objets peuvent être perçus plus ou moins grands et les sons peuvent être entendus déformés.
Actions automatisées
Ils ne se perçoivent pas comme des exécutants pendant les activités. Ils perçoivent leurs actions, mais c’est comme s’ils se tenaient côte à côte et se regardaient. Étant donné que les personnes affectées n’ont aucun lien interne avec leurs actions, elles les perçoivent comme étrangères et automatisées.
Vide émotionnel
La dépersonnalisation s’accompagne souvent d’un sentiment de vide intérieur. Les personnes concernées ne réagissent pas aux événements émotionnels. Elles ne montrent ni joie, ni tristesse, ni colère.
Par conséquent, elles semblent souvent absentes. Ces symptômes sont très similaires à ceux d’une humeur triste et ne se distinguent pas facilement.
La dépersonnalisation peut également apparaître comme un symptôme de la dépression. À l’inverse, la dépression peut également survenir à la suite de symptômes de dépersonnalisation.
Problèmes de mémoire
Les personnes qui ont vécu des expériences traumatisantes ne se souviennent souvent plus ou seulement partiellement de ces expériences. La dépersonnalisation sert alors de bouclier protecteur et ne permet pas aux souvenirs négatifs de pénétrer la conscience.
Les problèmes de mémoire surviennent rapidement sous le stress. Les événements ne peuvent souvent pas être classés par les personnes concernées, car leur perception du temps est parfois déformée.
Relation avec la réalité
Contrairement aux personnes atteintes de psychose, les personnes atteintes du syndrome de dépersonnalisation savent que le changement de perception se produit en raison de leur maladie.
Les personnes atteintes d’états psychotiques, en revanche, sont convaincues que leur vision du monde est réelle. Par exemple, ils croient que d’autres personnes peuvent manipuler leurs pensées et leurs sentiments.
Les personnes présentant des symptômes de dépersonnalisation reconnaissent que le monde n’a pas changé, mais que quelque chose ne va pas dans leur perception. Cette connaissance augmente la souffrance et leur fait peur.
Peur de devenir fou
La peur de devenir fou est une conséquence courante de la dépersonnalisation et de la déréalisation. Les symptômes de détachement de soi-même et de l’environnement perturbent profondément ceux qui en souffrent. De même, les peurs, les contraintes et la dépression sont souvent associées à la dépersonnalisation. Beaucoup n’osent pas parler de leurs problèmes de peur de ne pas être compris ou pris au sérieux.
Quels sont les causes et les facteurs de risque de la dépersonnalisation ?
Les experts attribuent l’émergence de la dépersonnalisation et de la déréalisation à l’interaction de divers facteurs. On pense que la prédisposition à l’anxiété peut, dans certains cas, influer sur l’apparition ou non du trouble. Jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve scientifique d’un composant héréditaire.
Les experts estiment que les personnes souffrant d’une anxiété de base sont plus susceptibles de développer de la dépersonnalisation ou de la déréalisation. Comme pour de nombreux troubles, les causes se retrouvent souvent dans l’enfance ou l’adolescence.
Le stress et les expériences traumatisantes sont les déclencheurs les plus courants de la dépersonnalisation.
Déclencheurs directs de dépersonnalisation
Le stress joue un rôle central en tant que déclencheur de la dépersonnalisation. En particulier, les expériences traumatisantes peuvent déclencher une crise de dépersonnalisation.
Des maladies graves, des accidents ou des crises interpersonnelles professionnelles et violentes peuvent être le début de la dépersonnalisation. Dans des situations intolérables, il peut arriver que les gens s’éloignent d’eux-mêmes et de l’événement.
Les experts estiment que cette réaction est un mécanisme protecteur si d’autres stratégies d’adaptation ne suffisent pas. Les personnes touchées ont l’impression de n’être présentes que physiquement, mais elles n’ont pas l’impression d’être présentes dans leurs pensées. Les symptômes de dépersonnalisation apparaissent souvent lorsque le stress est intense et de la même façon la dépersonnalisation provoque un stress intense.
Négligence précoce
Les chercheurs ont constaté que la négligence émotionnelle dans l’enfance favorise la dépersonnalisation. Ces enfants ou adolescents ont reçu trop peu d’attention de leurs parents, ont été humiliés ou n’ont pas l’impression d’avoir été aimés comme ils l’auraient souhaité.
Le manque de soutien de l’environnement peut conduire à des stratégies d’adaptation néfastes. Les premiers symptômes peuvent apparaître dès l’enfance. La gravité de la dépersonnalisation dépend de l’intensité et de la durée des expériences .
Facteurs de risque lié au mode de vie
Les personnes qui négligent leur santé physique et mentale peuvent ressentir des symptômes de dépersonnalisation. La dépersonnalisation peut également résulter d’une consommation de drogues ou d’alcool. Un sommeil de mauvaise qualité, une mauvaise hygiène de vie, une hydratation insuffisante peuvent également provoquer des symptômes de dépersonnalisation ou exacerber les symptômes existants.
Dépersonnalisation : examens et diagnostic
En tant que premier point de contact, vous pouvez contacter un psychothérapeute. En cas de suspicion de syndrome de dépersonnalisation, il procédera à une anamnèse.
Pour diagnostiquer la dépersonnalisation, un psychothérapeute mènera une discussion détaillée avec le patient. À l’issue de cette consultation, le thérapeute pourra déterminer s’il s’agit réellement d’une dépersonnalisation ou s’il existe d’autres troubles associés.
Le thérapeute peut poser les questions suivantes pour diagnostiquer le trouble de dépersonnalisation:
- Vous sentez-vous parfois comme si vous étiez étranger à vous-même ?
- Avez-vous parfois l’impression de vous regarder de l’extérieur ?
- Votre environnement vous semble-t-il parfois irréel ?
- Pensez-vous parfois que d’autres personnes ou objets ne sont pas réels ?
Selon la classification internationale des troubles mentaux (CIM-10), au moins un épisode de dépersonnalisation ou de déréalisation par semaine doit être présent pour le diagnostic du syndrome de dépersonnalisation et/ou de déréalisation:
- Syndrome de dépersonnalisation: les personnes touchées perçoivent leurs sentiments et leurs expériences comme étrangers, détachés, distants, perdus ou comme appartenant à quelqu’un d’autre. Ils témoignent également d’un sentiment de « ne pas être ici ».
- Syndrome de déréalisation: les personnes touchées perçoivent leur environnement, leurs objets ou d’autres personnes comme irréels, distants, artificiels, ou sans vie.
De plus, les personnes concernées doivent être conscientes que la perception modifiée n’est pas générée de l’extérieur, mais résulte de leurs pensées.
Quel traitement pour la dépersonnalisation ?
La recherche sur la dépersonnalisation et la déréalisation en est encore à ses balbutiements. Il n’y a aucune étude sur l’efficacité des médicaments. Les médicaments ne sont donc pas encore approuvés pour le traitement de la dépersonnalisation seule.
L’objectif est d’atténuer les symptômes ou de raccourcir les phases de dépersonnalisation. La méthode de choix pour le traitement est la psychothérapie.
Réduire les peurs
Au début de la thérapie, le thérapeute explique en détail au patient les troubles (psychoéducation). Les gens ressentent que leur souffrance est prise en charge et que leur perception déformée n’est pas un signe de «folie», mais fait partie d’une maladie. Le patient apprend à remettre en question ses pensées négatives et catastrophiques et à les remplacer par des évaluations réalistes. Un objectif important de la thérapie est de réduire l’anxiété et ainsi de soulager psychologiquement la personne.
Stratégies de gestion du stress et d’adaptation
Un autre élément de la thérapie consiste à gérer le stress. Chez de nombreux patients, le stress entraîne des symptômes de dépersonnalisation. Ils ont l’impression de sortir de leur corps et se distancient ainsi de leur environnement et de leurs problèmes.
Ce processus s’exécute automatiquement après un certain temps. À l’aide d’un journal, le patient doit noter quelles situations déclenchent les symptômes de dépersonnalisation. Cet aperçu aide les personnes touchées à mieux reconnaître les processus de ce trouble.
En collaboration avec le thérapeute, les patients développent d’autres stratégies pour faire face aux situations difficiles. La personne concernée doit apprendre à ne plus éviter les situations anxiogènes.
Quand la personne a confiance en d’autres stratégies d’adaptation, elle n’aura plus à se distancier d’elle-même ou de la situation. Un changement de style de vie peut contribuer au rétablissement. Un sommeil insuffisant, une nutrition et un manque d’hydratation augmentent les symptômes. La distraction peut également être une méthode utile.
Les conversations avec des personnes rassurantes ou des activités sportives peuvent aider à diriger les pensées vers la réalité. La distraction aide parfois contre les peurs. Grâce à ces stratégies et à d’autres, les patients apprennent à contrôler leurs symptômes de dépersonnalisation ou de déréalisation.
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